Internet à l’école, lancez-vous sans plus attendre !

Internet à l’école, lancez-vous sans plus attendre !

Internet à l’école, lancez-vous sans plus attendre !
Katrin Acou-Bouaziz, Alexandre Acou
Ed. Retz
ISBN 978-2-7256-3318-3

Internet à l'écoleLe livre se divise en 3 chapitres :
• Se lancer, oui mais comment ?
• Les réseaux sociaux et les blogs
• Les ENT, les vidéos, le son et les photos via Internet
Et en plus, une sitographie, un glossaire et des annexes.

L’introduction va tout de suite à l’essentiel, en utilisant les mots de Michel Guillou : « La question de se lancer ou non sur Internet avec les élèves ne se pose plus »1, les auteurs affirment qu’il ne s’agit plus d’un vrai choix car l’ère numérique est bel et bien là. Ils vont même plus loin : non seulement la question ne se pose plus mais elle s’impose aux enseignants et ce, même en dépit d’une démonstration scientifique des bénéfices possibles, prétendus ou attendus.
L’école doit s’adapter à l’évolution globale. Même si ce nouveau média ne répond pas à un besoin spécifique, il va de soi, sa présence est inéluctable.
La nouvelle génération d’élèves dénommée mobile born pourrait être amenée à penser en se calquant sur le mode de surfer sur le web : revenir en arrière, changer de support, changer d’accès en cas de blocage, tout en prenant du recul sur leurs apprentissages.
Le rôle de l’école face à cette évolution est justement de transformer un instrument essentiellement ludique en quelque chose d’utile à l’apprentissage. Mais ce n’est pas tout ! L'école a également la responsabilité de faire comprendre aux élèves que l’acte de publication est devenu universel en tant que droit à la parole mais aussi comme devoir face au respect vis-à-vis d’autrui.

Une question fondamentale porte sur le choix des pratiques numériques. Certes, la situation est très différente entre l’école primaire et le secondaire II mais idéalement, il faudrait un poste connecté dans chaque salle de classe. « Un enseignant déterminé se débrouillera toujours avec les moyens du bord et un enseignant qui ne veut pas ou se sent incompétent, même avec tout le matériel qu’il faut, n’en fera rien ou pas grand-chose » affirme Stéphanie de Vanssay 2 .


Le constat de Michel Guillou apporte une autre pièce maitresse au raisonnement : « Aucune épreuve officielle n’intègre le numérique » ce qui correspond à avaliser indirectement encore et toujours un enseignement traditionnel, transmissif, magistral. La collaboration entre élèves, le travail par projet, la résolution de situations complexes ont encore de la peine à s’affirmer dans une bonne partie des institutions scolaires.
L’introduction se termine presque avec une provocation: « Pour innover, vivons cachés !» dans le sens que la révolution numérique se gagne dans les salles de classes, de l’intérieur, grâce à la toile d’araignée géante que tissent les enseignants sur le web. C’est ainsi que paradoxalement nos collègues proches ou éloignés apprennent l’existence de projets innovants et sont tentés de les répliquer ou d’y participer.


 

Chapitre 1 : Se lancer, oui mais comment ?
Section 1 : Comment choisir vos pratiques numériques ?
Le but de ce chapitre est de permettre aux enseignants d’y voir plus clair au niveau des activités qu’ils peuvent mener avec leurs élèves (tableau d’exemples concrets d’activités numériques adaptées au classes CE1 3 ) mais aussi sonder leur motivation (test psychologique s’intitulant : « Pour quelle pratique numérique êtes-vous faits ? » qui renvoie au chapitre le plus approprié selon le profil qui en ressort).
Il ne faut pas partir de l’idée de rajouter quelque chose au programme déjà suffisamment chargé mais de le faire d’une façon « naturelle » sans y réfléchir, d’une façon pluridisciplinaire comme les enseignants l’ont déjà fait pour le tableau, les livres, les tubes de peinture. L’Internet n’est donc pas une matière mais un outil pour travailler une matière !

Section 2 : L’équipement
Après une brève panoramique sur la situation de l’équipement en France (tout à fait semblable avec celle de la Suisse y compris en ce qui concerne la disparité entre classes rurales et citadines et entre école primaire et secondaire) on trouve une liste pratique intitulée « 10 conseils pour vous aider à aménager votre classe numérique » permettant de faire apparaître les besoins techniques. De bons conseils pour réussir dans l’intégration des TICE sont proposés : rien n’est oublié, du prêt à la réutilisation du matériel obsolète ; de l’utilisation du matériel personnel de l’enseignant à celui des élèves.

Des notions techniques s’y ajoutent. Le livre explique ainsi la différence entre la 3G et 4G, donne une définition du câblage Ethernet, propose la création d’un mini réseau wifi dans la classe, explique comment imprimer des documents sur une imprimante centralisée. Conseils concrets et prix en euros complètent ce volet technique sans oublier l’accent mis sur la charte Internet pour régler d’une façon responsable et participative tout problème lié à l’utilisation de l’Internet à l’école.
Quant à la responsabilité de l’enseignant et de l’institution, les auteurs mettent l’accent sur les dispositifs de filtrage pour une navigation sécurisée des élèves et évoquent également des portails captifs pour limiter l’excès d’information et la perte de temps.

Section 3 : Comment se former au numérique ?
Cette partie illustre les possibilités de formation en France mais on peut y retrouver de nombreux points communs avec la Suisse (formation initiale et professionnelle auprès des HEP, formation continue et CAS...). Certes, les FOAD (Formations ouvertes à distance) ont évidemment révolutionné les possibilités de parfaire le parcours didactique mais plus encore les possibilités informelles accessibles directement via le web. En fait, on peut confronter ses pratiques didactiques avec des collègues se trouvant partout dans le monde et cela soit de visu à travers les nombreuses applications face-to-face, ou bien à travers des blogs ou des sites spécialisés.
Le chapitre se termine sur une liste choisie de sites spécifiques ou généralistes dédiée au thème de l’Internet à l’école.


 

Chapitre 2 : Les réseaux sociaux et les blogs
Section 1 : Les réseaux sociaux
L’Internet, avec la possibilité de publier sur les réseaux sociaux ou dans les blogs, a donné du sens aux apprentissages en les rendant publics. La production des élèves est dorénavant soumise au regard d’autrui.
L’autre changement majeur porte sur la collaboration. Que ce soit entre élèves du même établissement, ou se trouvant à des milliers de kilomètre, le web leur permet d’interagir, de se confronter et de mener des projets communs. Une seule contrainte dans tout cela : respecter les garde-fous nécessaires à un usage responsable d’Internet en classe.

Le premier point auquel l’enseignant doit être attentif est de ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle. Si l’on veut faire travailler les élèves via les réseaux sociaux, il faudra un compte au nom de la classe où les interactions se feront dans un périmètre bien délimité avec une finalité claire, connue, et déterminée.

L’utilisation des réseaux sociaux apporte une motivation accrue chez les élèves et permet aussi aux parents de suivre le travail et la progression de leurs enfants. Les contraintes techniques sont mineures et le fonctionnement facile, intuitif et adapté à tous les appareils et multiplateformes.

Après cette introduction rassurante, le livre analyse les principaux réseaux sociaux (Twitter, Babytwit, Instagram, et Faceboook). Il met en évidence des activités didactiques qui exploitent les caractéristiques propres à ces applications. Les exemples concrets proposés relèvent les avantages dont les élèves pourraient profiter en les utilisant. Plus concrètement, on peut retrouver explicitement les compétences travaillées grâce aux réseaux sociaux : maîtrise de la langue, encouragement à la production écrite, exercice de synthèse, apprentissage des éléments de la communication et bien d’autres.

Les auteurs ne cachent pas les obstacles ou les réticences qu’un tel exercice peut susciter et essaient d’y répondre avec bon sens et en connaissance de cause. Voilà deux exemples : « J’ai peur pour ma vie privée et celle de mes élèves ». Pour maîtriser cette crainte, trois axes sont suggérés :

  • ♦ utiliser un compte ou une page de classe renvoyant ainsi à un regard attentif de tous sur le travail de chacun,
  • ♦ établir une charte de classe où l’on indique clairement les règles à respecter pour pouvoir publier une contribution,
  • ♦ prétendre que chacun signe son article avec son prénom ou avec un sigle qui permet d’assumer la responsabilité des propos tenus tout en rappelant qu’il s’agit d’interactions propres à un cadre scolaire et non privé.

Un autre exemple : « Je ne veux pas avoir à gérer des messages de parents pendant la classe. » En réponse à cette remarque légitime, deux conseils sont donnés : faire part aux parents des interactions possibles avec la classe et donner aux publications un ton « sérieux » pour éviter des messages trop affectifs.

Section 2 : Le blog de classe
Le blog pourrait être assimilé au journal de classe de jadis mais à la différence d’avant, il s’adresse à un public bien plus vaste. L’écriture d’un blog est moins immédiate que la participation à des réseaux sociaux et donc les rôles des élèves doivent être distribués différemment : rédacteur, illustrateur, relecteur. Sa mise en œuvre demande aussi quelques compétences supplémentaires de la part de l’enseignant qui devra apprivoiser cette interface avant de le proposer à la classe. Une autre différence et non des moindres porte sur le fait qu’un blog, pour être attrayant, doit être alimenté en permanence. Il exige donc une programmation plus stricte et des efforts de longue haleine tant de la part des élèves que de l’enseignant.

Ainsi, si l’enseignant se laisse séduire par ce projet, quelles sont les compétences qui seront travaillées grâce à ce blog ? En fait, leur mise en place requiert des compétences similaires avec la réalisation d’un journal de classe : élaboration d’une charte graphique, projet éditorial (choix des informations à traiter, du ton, des articles, des lecteurs visés), rédaction de textes de différents formats, libres ou à contrainte, recherche d’information, prise de notes, travail de synthèse, relecture, correction orthographique et syntaxique des textes, illustration via des dessins d’élèves ou des photos. Par rapport aux objectifs MITIC, on retrouve l’éducation aux médias et plus en général un entraînement aux compétences complexes comme la collaboration ou la gestion de projet.

Les auteurs poursuivent leur réflexion par des conseils sur le choix du type de blog (institutionnel ou pas) et sur les avantages et inconvénients de l’un ou de l’autre. A l’instar de la section précédente, on retrouve aussi une partie dédiée aux Obstacles à dépasser . Elle se termine sur une série de brefs témoignages d’enseignants qui ont intégré l’Internet à leur travail quotidien.


 

Chapitre 3 : Les ENT, les vidéos, le son et les photos via Internet
Les auteurs nous rappellent d’emblée qu’il n’est pas nécessaire de révolutionner sa didactique en introduisant massivement de nouvelles technologies. Ils recommandent plutôt de faire comme dans le quotidien où l’utilisation de ces technologies, images, vidéo, sons et leur partage avec notre entourage est déjà devenue une pratique courante, presque naturelle.
Finalement, la démarche à réaliser est de conserver les réflexes du quotidien : prendre des photos, filmer des événements, enregistrer des notes sur son smartphones ou sa tablette et les transposer dans la pratique didactique pour les faire entrer dans la classe.

Section 1 : Les espaces numériques de travail
Mais finalement qu’est-ce que un ENT ? C’est un dispositif, normalement géré par les institutions, auquel les enseignants et les élèves ont accès avec différents privilèges. Quelles activités pédagogiques peuvent être favorisées ?

La palette est ici très vaste et varie en fonction du dispositif et souvent de l’âge des élèves. Normalement l’ENT permet de mettre des ressources à disposition des élèves : leçons, activités pédagogiques, documents écrits, vidéos et photos étayant les cours. À la maison, en dehors du temps scolaire mais aussi en classe, pendant le temps scolaire, ils accèdent grâce à un code à toutes les données qui peuvent leur être utiles pour apprendre, progresser, réfléchir, découvrir, échanger, communiquer. A priori, l'outil semble idéal. Il permet aux élèves de réviser quand bon leur semble et à leur rythme, d'étudier plus en profondeur les sujets qui les intéressent, de retrouver les leçons en cas d'absence. L’ENT donne aussi l'opportunité aux parents de suivre à loisir les progressions et découvertes de leurs enfants. Pour l'enseignant, l’ENT peut se révéler être un support assez magique réunissant en un même lieu, accessible par n'importe quel navigateur, tout le travail en cours et même à venir. Il est un lieu privilégié d'échanges avec les élèves et les parents. Il est aussi un formidable outil pour personnaliser les apprentissages en fonction des situations de chaque élève et correspond également à l'informatisation du travail en général.

Quels sont les avantages de l’ENT :

  • ♦ il donne unité et cohérence au travail de classe et permet de rester en contact pendant les jours d’absence en maintenant l’interaction avec l’enseignant et la classe ;
  • ♦ il permet le suivi de l’élève faisant ainsi le pont entre la famille et l’école ;
  • ♦ il met à disposition des ressources choisies par l’enseignant qui sont pertinentes et en adéquation avec le plan d’étude ;
  • ♦ il permet une différenciation du travail de l’élève selon son niveau et ses besoins d’apprentissage ;
  • ♦ il induit le remodelage de l’espace-temps et de la dynamique des rapports enseignant-élève.

Les auteurs font part des craintes ressenties par les enseignants vis-à-vis de ce dispositif. En fait, il est perçu comme une source possible de surcharge supplémentaire de travail. Ils voient une exigence accrue en termes de compétences informatiques. Ils ressentent une sorte « pression » venant de l’extérieur sur le geste même d’enseigner. En pensant au bien-être des élèves, les enseignants craignent une surcharge de travail, une exposition trop fréquente à un écran, une sorte d’obligation d’alimenter continuellement l’ENT, un sentiment d’appréhension provenant de la question « Est-ce que j’ai tout fait pour demain ? ».

beneylu

Après cette analyse bien détaillée, on retrouve une liste commentée des principaux ENT en plus du Beneylu (illustration ci-contre), Itslearning interface évolutive en fonction du développement de l’élève, ITOP éducation avec ses trois déclinaisons : école, collège, lycée, ONE
Arthur & Lila le seul gratuit et développé sous logiciel libre.

En plus de ces espaces numériques pré-confectionnés, les auteurs suggèrent des solutions « maison » mais tout aussi efficaces. Parmi toutes celles citées, Evernote est un bon exemple. Elle permet un rangement classique sous la forme de carnet par élève ou par branche et facilite la synchronisation et l’envoi de contenus. Les inconvénients ne sont pas dissimulés mais des solutions alternatives sont également indiquées.

Section 2 : La vidéo, le son, la photo via internet.
Les possibilités offertes par ces outils sont infinies : retour en arrière sur une démonstration ou une explication, illustration visuelle d'une notion, travail de l'expression orale, trace et mémoire de l'activité... Les appareils directement connectés (via Internet) sont ici des facilitateurs de création et de partage de ces films, diaporamas, capsules, présentations, tutoriels, exposés...

Fidèles à l’approche concrète qui caractérise ce livre, les auteurs listent des objectifs didactiques réalisables et en lien direct avec le plan d’étude. Il s’agit de :

  • ♦ s’exprimer à l’oral dans un vocabulaire approprié et précis ;
  • ♦ rédiger un texte : légende, synopsis, scénario ou story-board ;
  • ♦ produire un document numérique et utiliser l’outil numérique pour le présenter ;
  • ♦ s’impliquer dans un projet individuel ou collectif ;
  • ♦ réaliser des œuvres à visée artistique.

Ils relèvent également les avantages associés à une telle production soit :

  • ♦ une éducation aux média ;
  • ♦ une meilleure compréhension de la notion de « propriété intellectuelle » ;
  • ♦ un travail motivant et valorisant ;
  • ♦ une évaluation facilitée permettant de pointer et de commenter les évènements majeurs directement avec l’élève.

Finalement, plusieurs exemples d’activité sont illustrés : enregistrer les lectures oralisées après préparation ; construire des vidéo-leçon ; prendre une photo par jour présentant les travaux de la journée ; produire un diaporama-vidéo à partir d’illustrations de poésies. Des projets de plus grande envergure sont aussi mentionnés comme : monter une exposition en ligne de toutes les peintures du trimestre et la diffuser sur un blog ; créer un guide multimédia sur le quartier de l’école ; lire une pièce de théâtre avec le ton en l’enregistrant.
Quant aux sites permettant ces publications (l’ENT de l’école ou les espaces de publications connus), il y en a pour tous les goûts. Pour les images , Flickr est certainement le plus utilisé mais aussi Photoonweb (permettant des diaporama) ou Instagram ; la vidéo peut être facilement publiée sur YouTube, Dailymotion, Vine, Vimeo (ici, par exemple les vidéos commerciales ne sont pas acceptées donc c’est en soi un grand avantage) ; l’audio peut être mise à disposition via Audioboo  ou SoundCloud

Dans un univers didactique de plus en plus complexe, une bonne organisation peut être une réponse face à l’angoisse de ne pas tout maîtriser. L’enseignant peut mettre en place une planification des travaux à réaliser dans la journée selon des modalités (en individuel ou à deux) et des horaires préétablis. Ainsi, chaque élève pourra à tout de rôle effectuer une prise de son, réaliser des d’images ou une prise de vidéo et donc expérimenter les différents médias.
A ce stade, le rôle de l’enseignant sera de leur apporter éventuellement une aide technique mais surtout de valider les contenus soit pendant soit après le travail.
Le chapitre se termine par le témoignage d’un enseignant dont voici un extrait: « Lorsque mes élèves se filment en travaillant (par exemple, scénarisation d'une leçon en sciences ou en géométrie), cela me permet de suivre leur raisonnement en direct et de déceler le pourquoi de leurs erreurs. Pour moi, la vidéo joue un rôle de "boîte noire". Je les comprends mieux. »

Pour compléter cet essai, les auteurs rapportent des messages Twitter ou l’on retrouve le point de vue des élève ; une riche sitographie commentée ; un glossaire pour décrypter les mots de jargon ou les sigles mystérieux et finalement des annexes avec plusieurs modèles pour demander des autorisations (parent, élèves, institutions) et différents canevas de chartes pour règlementer l’usage d’Internet et des services web mis à disposition par l’enseignant ou par l’institution.

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(1) Le blog de Michel Guillot : culture-numerique.fr et sur Twitter : @michelguillou

(2) Les articles de Stépahnie de Vanssay se trouvent sur le blog du SE-Unsa : ecolededemain.wordpress.com et sur Twitter @2vanssay

(3) H4 et H5 pour la Suisse romande