Les TICE en classe, Mode d'emploi

Les TICE en classe, Mode d'emploi

Auteur : Ghislain Dominé
Edition : ESF Editeur

Pourquoi le lire

L'avant-propos de Philippe Meirieu donne tout de suite le ton : « Et il faut, surtout, faire dialoguer ces outils [les TICE] avec les finalités scolaires afin de voir comment ils peuvent contribuer à les incarner et participer ainsi à la réussite de chacune et de chacun. ». Les TICE sont donc au service de la didactique, mais encore plus au service de la réussite comme le souligne le rapport 2014 « Sur l'état de la francophonie numérique » http://www.francophonie.org/IMG/pdf/isoc-rapport_francophonie_numerique2014_web.pdf .
Et encore Meirieu nous dit « Non seulement le numérique peut faciliter l'enseignement, mail il offre des possibilités nouvelles pour explorer les savoirs et donner aux élèves les clés de la compréhension du monde, pourvu qu'on ne renonce jamais à développer en parallèle une réflexion pédagogique solide, il constitue une ressource aux richesses insoupçonnées pour retrouver tout à la fois le plaisir d'apprendre et d'enseigner. »


Ce qu'on y trouve

L'introduction

Déjà à l'introduction Ghislain Dominé sait faire la part des choses : un livre ni pour les détracteurs ni pour les geeks mais pour l'école : « D'un côté les nouvelles technologies sont considérées comme un moyen de renforcer le rôle de transmetteur de l'école, mais de l'autre elles sont aussi perçues comme un obstacle : tantôt incarnation du loisir, ennemi de la concentration, tantôt espace de non-droit permettant aux élèves d'agir sans contrôle ». Le modèle SAMR (Substitution, Augmentation, Modification, Redéfinition) de Rubens Puentedura http://www.infobourg.com/2013/09/09/le-modele-samr-une-reference-pour-lintegration-reellement-pedagogique-des-tic-en-classe/ cité ici, pose clairement les bases théoriques : chacun peut intégrer les TICE dans sa didactique dans la mesure souhaitée et avancer à son propre rythme.

 


 

1. Les premiers pas


« Considérer l'usage du numérique en classe comme une obligation est certainement la meilleure façon d'échouer » De cette façon-ci débute ce premier chapitre. Le numérique doit être considéré plutôt comme une invitation, une opportunité pour l'enseignant pour renouveler ses pratiques, une chance à saisir. L'auteur invite, par la suite, les enseignants à faire un petit bilan de leurs compétences numériques personnelles et suggère rapidement comment celles-ci peuvent être adaptées et réutilisées en classe.
Des exemples concrets sont donnés de suite : Comment mettre en place un centre de ressources et Comment bénéficier du réseau d'établissement. Puis, on gardant cette idée de progression dans l'utilisation des ressources numériques énoncée dans l'introduction, l'auteur nous suggère deux démarches : La substitution des cahiers et la substitution du manuel. Cette dernière idée est particulièrement attrayante si l'on considère la fixité des manuels utilisés à l'école en forte contraste avec la réalité quotidienne où le numérique nous accompagne constamment. Le premier chapitre se termine sur 3 démarches concrètes :

  • Le numérique comme fil conducteur : « Au tableau noir nous retiendrons la trace écrite de la démonstration. A l'écran, nous afficherons le plan et les documents ».

  • Le manuel à l'écran : « au cours de cette deuxième démarche, nous allons justement profiter des avantages du numérique pour faire du manuel scolaire un support réel de travail »

  • Un TBI sans TBI : « L'argument choc des TBI est de permettre d'interagir avec des éléments numériques affichés... Tout élève ne peut que s'émerveiller en voyant directement le résultat de ses expériences....Or je vous propose d'arriver au même résultat avec une seule tablette branchée au vidéoprojecteur (iPad et une application nommée Explain Everything) »


2. Le numérique pour une pédagogie augmentée


Il est temps, selon l'auteur d'essayer quelque chose de plus poussé d' « ajouter un surcroît de plus-values au numérique. Dans la substitution il s'agira de s'engager dans une augmentation du potentiel pédagogique des activités menées en classe ». On passe donc directement aux exemples avec Trois outils emblématiques repensés. Le but déclaré est de repenser la sortie scolaire, le cahier de classe et le manuel scolaire. Dans l'optique du modèle SARM nous arrivons ainsi à la troisième étape.

 

  • La sortie scolaire : « Sans avoir à réserver une salle pupitre, sans craindre l'usage des téléphones dans les couloirs de l'établissement, et en instaurant des relations plus horizontales avec les élèves, la sortie scolaire sera donc le premier pas envisagé dans l'augmentation du potentiel pédagogique du numérique ». Le cœur de la démarche consiste (individuellement ou par groupes) à produire un journal de bord numérique en photographiant et en filmant les lieux visités et en y rajoutant ensuite une note rapide écrite ou orale. Si les téléphones sont dotés de géolocalisation on pourra même inclure les coordonnées des lieux visités (l'application suggérée est Trip Journal qui permet l'exportation dans le format KMZ supporté par Google Earth)

 

  • Pour un cahier augmenté : Si la démarche a été déjà évoquée durant le premier chapitre, ici il s'agit de donner à cet outil traditionnel de l'école quelque chose de plus : « nous pouvons ajouter un cliché du tableau pour garder la trace du brainstorming mené durant une activité du cours. Puis, nous pouvons ajouter une captation sonore. On peut penser à l'enregistrement des consignes ou de session de questions/réponses entre les élèves de la classe et le professeur Très utiles pour une révision » (l'application suggérée est Evernote car elle est agrémentée du site web consacré qui permet une gestion facilité des notes, en association avec Penultimate pour la prise de note au clavier et au stylet. Cela donne aussi la possibilité de faire cohabiter schémas, cartes mentales ou croquis avec des traces écrites tapée au clavier)

 

  • Concevoir des ressources numériques sous forme de livre numérique : « Objet hautement symbolique mais aussi très ambivalent, surtout sous sa forme de manuel scolaire, car peu nombreux sont les enseignants qui sont les auteurs de leur propre manuel. Comme si les professeurs avaient délégué aux éditeurs le rôle de conception. Or avec le numérique, les enseignants peuvent reprendre en partie cette prérogative.» (Plusieurs formats et plusieurs applications envisagés : PDF, ePub, Moby et imprimante virtuelle PDF, Calibre et KindleGen ou Kindle Comic Creator)


3. La classe numérique, une classe transformée ?


Le troisième chapitre se consacre presque entièrement à l'analyse du rôle du numérique dans les transformations pédagogiques. On particulier deux démarches concrètes y sont abordées : L'écriture numérique collaborative avec des tableaux comparatifs faisant mention de l'application, du matériel requis, du type de collaboration et du descriptif. De plus une distinction est faite entre les applications demandant une connexion internet pour fonctionner (Etherpad, Quip, Goolge documents et iWork dans l'iCloud) et celle pouvant fonctionner sans connexion (AirDrop, CourseNotes, Naturl Notes, Sundry Notes et Instashare)

La deuxième démarche dénommée : quand le numérique efface la distance, suggère une démultiplication et une redéfinition de l'espace classe : « Dans cette seconde démarche je vous propose d'envisager plusieurs cas concrets d'utilisation pédagogique des réseaux sociaux. Afin de découvrir l'autre, mais aussi pour ouvrir la classe à différents acteurs culturels comme des hommes politiques ou des journalistes. ». Pour cette démarche l'auteur suggère quatre approches possibles.

 

  • Skype Mystère (une sorte de jeu de piste questions/réponses pour trouver, grâce à l'outil de vidéoconférence Skype, où se trouvent nos interlocuteurs)

  • #paquebotdétresse (par l'application Twitter il faut retrouver un navire sur un globe numérique)

  • A la découverte de Mumbai (jeu découverte de la ville de Mumbai à travers les photos et les récits des gens qu'y vivent)

  • La catastrophe de Fukushima : entre direct et avec recul (une mise en perspective de la catastrophe nucléaire en utilisant les messages Twitter provenant du Japon et par la suite en rentrant en contact avec le journaliste nippon Karyn Nishi-Poupée).


4. Une salle de classe modulaire


Le quatrième chapitre tente une nouvelle définition de la classe : « Il n'y a pas un dispositif unique et performant dans toutes les situations pédagogiques. Le numérique induit de la mobilité, de l'adaptation et du changement dynamique. » Dans cette nouvelle approche le rôle de l'enseignant change en conséquence : il peut être médiateur des savoirs, mais aussi accompagnateur ou conseiller selon le projet pédagogique envisagé.

Deux démarches concrètes illustrent le projet : une radio-télé diffusion à l'ère d'Internet (journal télévisé, radio web, le tout mené en classe mais aussi à l'extérieur) et La classe come maison d'édition. Cette mise en pratique raconte la fabrication d'un livre multimédia autour des fables de La Fontaine


5. Le temps scolaire à l'ère numérique


Dans ce cinquième et dernier chapitre l'auteur revoir le temps de l'apprentissage à la lumière des innovations technologiques. Le premier exemple cité est la Khan Academy permettant de suivre à distance des cours concernant différentes disciplines sur internet et en dehors du cadre proprement scolaire. La seconde met en évidences les caractéristiques, le fonctionnement, les possibilités et les contraintes de la Classe inversée.
La Conclusion de ce livre met de nouveau en avant l'opportunité que les innovations technologiques offrent à la didactique pour un renouveau de l'école : « Les TICE permettent aux élèves de s'ouvrir au monde et à leur voisin de table ; en accompagnant les apprenants dans leur formation intellectuelle en les invitant à devenir autonomes ; en stimulant leur curiosité et leur esprit critique ».


Le Lexique, enfin, conclut l'ouvrage.