Fiction audio: RomandTic 2015

Fiction audio: RomandTic 2015

La dernière rencontre RomandTic  a développé deux thématiques en parallèle : l’oralité et la différenciation vues aussi bien comme des sujets dépendants qu’indépendants.

Si, pour la différenciation, on peut facilement s’accorder sur sa définition au sens large et donc la considérer comme un moyen de prendre en compte les différents niveaux dans une classe, l’oralité peut être lue de deux façons différentes : elle peut être un élément d’apprentissage en langue maternelle (présenter, résumer, argumenter, convaincre, …) ou une compétence spécifique à développer lorsqu’il s’agit de communiquer en langue étrangère.

Pour que l’exercice soit profitable aussi bien aux enseignants de français qu’aux enseignants de langue, on peut parcourir un autre chemin, c’est-à-dire opter pour une transformation d’un texte écrit (récit, nouvelle, conte, roman) en un texte oral (transformation diamesique) et plus exactement en une fiction audio d’où le thème de l’atelier présenté.

 L’intérêt de cette démarche ne réside pas uniquement dans la transformation d’un type de texte en un autre, mais il repose sur le fait que différents types de processus doivent être mis en place. Voilà quelques exemples : la caractérisation des personnages (accent, voix, tics linguistiques ; nom, âge, profession…) ; la caractérisation des lieux (description par une voix off ou directement par l’un des personnages, mais aussi par des bruitages) ; le découpage en séquences de 3-4 minutes ; la création d’un jingle d’introduction et de fin qui soit évocateur et capable de résumer l’ambiance de l’histoire ; un accompagnement sonore pour souligner des passages ou donner une coloration dramatique.carte metro presentation cadre

Concernant les ressources électroniques d'enseignement et d'apprentissage, l’enseignant peut s’écarter légèrement de ses pratiques habituelles (utilisation d’une carte conceptuelle digitale, écriture collaborative sur support électronique) jusqu’à rebâtir complètement son cours (création d’un site avec les épisodes du roman audio, présentation de la classe, contributions et commentaires des internautes, illustrations, jeux et bonus…)

Le choix est tombé sur le conte de Maupassant « Le Horla » pour plusieurs raisons : son langage, assez typé dix-neuvième peut être compris et revisité par sa transformation en fiction audio ; le fait qu’il y ait peu de dialogues impose un travail d’interprétation et de transposition ; un nombre limité de personnages présents dans le conte implique que l’élève fasse preuve d'imagination en les créant de toute pièce pour rendre plus dynamique le récit.

En ce qui concerne l'enseignement des langues (évidemment, il aurait fallu choisir un texte en langue, mais la démarche est identique), il y a l’exercice de la prononciation, de la mémorisation de phrases et d’expressions, de l’application d’une tonalité adaptée au contexte communicatif à l’incarnation des personnages et à l’utilisation de tous ces éléments expressifs (pauses sonorisées, tics linguistiques, bruits expressifs…) si difficiles à enseigner dans une situation d’apprentissage en classe.

Un deuxième élément a influencé ce choix : le fait que le conte soit du domaine public et que son format digitalisé (première et deuxième version) soit facile à repérer sur Internet.

Il est clair que cette démarche inclut naturellement la différenciation simultanée (différentes tâches à accomplir en même temps : trouver la musique, interpréter les personnages, adapter le texte…) aussi bien que la différenciation successive (travailler l’image, la musique, le texte, écrire des commentaires, inventer des jeux, penser et évaluer des sondages).

Quelques instruments complètent ou enrichissent la démarche : Plotagon permet de transformer, en quelque clics, le tout en une fiction d’animation (en anglais , avec les voix prévues par le site ou depuis sa dernière mouture, enrichi de la possibilité d’enregistrer sa propre voix), Text Speaker (ou d’autres sites de synthèse vocale comme oddcast ) permet un apprentissage vicariant de la lecture voire de mettre en scène une sorte d’alter ego pour des enfants avec des problèmes de prononciation ainsi que pour des allophones.